
L’herbe du diable et la petite fumée de Carlos Castaneda est le premier ouvrage d’une série d’autofictions anthropologiques qui relatent les enseignements que l’auteur a reçus d’un mystérieux chaman de la tribu Yaqui, dans le désert de Sonora au Mexique. En 1960 Carlos Castaneda, alors étudiant en anthropologie à l’Université de Californie de Los Angeles, part cinq ans dans le désert mexicain afin d’en étudier la flore. Le roman The Teachings of Don Juan: A Yaqui Way of Knowledge, qui relate son expérience, paraît pour la première fois en 1968 comme version finale de sa thèse.
Dans ce désert il fait la rencontre de Juan Matus, appelé Don Juan, et devient son apprenti. Dans la première partie de l’ouvrage, Carlos Castaneda est soumis à d’étranges expériences sensorielles qui l’amènent à remettre en question ses certitudes d’universitaire.
Dans la seconde partie, il organise les enseignements de son maître de manière didactique, donnant un ton plus anthropologique à l’ouvrage.
La tension qui réside entre les deux personnages fait de cette œuvre un témoignage particulièrement frappant des limites de notre vision occidentale du monde. D’un côté, Don Juan, personnage très énigmatique, ne donne que peu d’informations sur la nature de ces expériences de « réalité non ordinaire » et sur leurs implications. De l’autre, le narrateur s’efforce de trouver une rationalité académique à ce qui lui arrive. Quitte à parfois agacer son maître.
Cette dialectique entre les deux personnages nous rappelle que nous envisageons notre quotidien dans le cadre d’une réalité définie par des règles spécifiques, bien souvent influencées par les idées des philosophes des lumières où la Raison est reine. Cet ouvrage nous ouvre donc la porte vers une autre conception de la réalité où tout ce qui nous entoure porte en soi sa propre vibration. Pour plonger le mieux possible avec Carlos Castaneda dans cette expérience romancée, il faut au préalable laisser toute certitude trop dogmatique derrière soi et se laisser porter par le courant. Cette lecture nous permet ainsi de voir le monde d’une façon bien distincte et n’appelle qu’à une chose : lire la suite des œuvres de Castaneda !

L’herbe du diable et la petite fumée de Carlos Castaneda
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Michel Doury
10/18, 2012 [The Teachings of Don Juan : A Yaqui Way of Knowledge, Press Universitaire de l’Université de Californie, 1968]