 
                Un nouveau lieu fréquenté par un illustre poète latino-américain. En 4e de couverture de son anthologie des poètes latino-américain en France, Horacio Maez évoque, convoque, invoque César Vallejo avec son célèbre poème : “Piedra negra sobre una piedra blanca”.
Piedra negra sobre una piedra blanca Poemas humanos (1939)
Me moriré en París con aguacero,
un día del cual tengo ya el recuerdo.
Me moriré en París -y no me corro-
tal vez un jueves, como es hoy, de otoño.
Jueves será, porque hoy, jueves, que proso
estos versos, los húmeros me he puesto
a la mala y, jamás como hoy, me he vuelto,
con todo mi camino, a verme solo.
Je mourrai à Paris par temps de pluie,
un jour dont j’ai déjà le souvenir.
Je mourrai à Paris – pourquoi rougir –
en automne, un jeudi, comme aujourd’hui.
Un jeudi, car aujourd’hui que, jeudi,
je prose ces vers, j’ai mis au martyre
mes humérus, et jamais, pour finir,
je fus plus seul, en chemin, qu’aujourd’hui.
Oui il est mort à Paris, à quelques rues du cimetière et, hélas pour lui, non un jeudi, il s’en est fallu de peu, ce 15 avril était un vendredi. Poète méconnu pour nous autres francophones – convenons que c’est bien malheureux, réparons ceci -, César Vallejo n’a que très peu de publicité ici autour de son œuvre malgré les efforts redoublés de sa femme, Georgette. Toute l’ironie de ce couple : lui né à Lima, mort à Paris (14e), elle née à Paris (14e), morte à Lima. L’un enterré dans le pays de l’autre, cela mériterait un poème.
Incandescence à Paris
Souvent il nous semble que Paris ne possède qu’une saison. Bien entendu, c’est faux (quoique) mais l’idée est tenace, coriace même. Sans doute car Paris est magnifique en cette saison. Comme au printemps. Vallejo rougit comme des feuilles rendant le sol incandescent.
On peut toujours se dire que rien n’est plus déprimant que de traverser les cimetières. Peut-être. Mais celui de Montparnasse est de loin mon préféré non pas parce que j’habite non loin mais parce qu’il est agréable, absolument magnifique au printemps, paisible au milieu de la fébrilité urbaine. Non ici, j’y retrouve des amis et repense à tout ce que je dois à ceux qui m’ont accompagné. Cela m’émeut mais ne me rend pas triste.



A part dans nos cœurs, où est-il ?
Tombe modeste du poète perdue parmi tant d’autres, au milieu de la travée. C’est à peine si on la trouve facilement, il nous faut être attentif à ce petit drapeau péruvien, collé au vase.
Il suffit de flâner et croiser les demeures éternelles pour qu’une autre évocation d’une autre poète, Alphonse de Lamartine dans ce superbe poème Pensées des morts resté dans l’oreille grâce à mon père qui fredonnait souvent la formidable version de Georges Brassens, autre résident du 14e (qui sait nous amuser aussi avec [s]a Ballade des cimetières), qui a su l’écourter le long poème de Lamartine pour le rendre plus intense. Affaire de transmission :
Parmi ceux de ma saison,
Et quand je dis en moi-même :
Où sont ceux que ton cœur aime ?
Je regarde le gazon.
Gainsbourg, Cioran, Sautet, Kessel, Reggiani, Baudelaire mais surtout non loin de Cortázar (3e division) et Fuentes (4e), Vallejo repose ici dans la 12e division. Alors moi aussi je regarde le gazon.
Quelques mots avant de nous retrouver à l’Institut Cervantes le 4 novembre à 18h30 (venez avec nous passer un moment céleste empli de poésie). Après la présentation de l’anthologie des poètes latino-américains en France, Horacio sera entouré de poètes latino-américains qui vous donneront lecture de leurs œuvres. Comme ici des extraits lus par leurs auteurs disponibles sur Instagram. L’autre Amérique est très fière de s’associer à cet évènement.
Si, comme Abel, vous avez envie de mettre en lumière un lieu alors contactez-nous, nous serons ravis de publier votre texte.


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