
Le 31 octobre 2024, à Paris, dans la salle Benito Juárez de la Maison du Mexique, Acoyani Guzmán, Samantha Barendson et Marie Tafforeau ont présenté Ambroisie / Ambrosía, le premier recueil bilingue de Guzmán. À cette occasion, elles ont réalisé une lecture de poèmes en alternant le français et l’espagnol, suivie d’une discussion avec le public et d’un vin d’honneur lors duquel l’autrice d’origine mexicaine a pu dédicacer quelques exemplaires.
Poétesse, actrice, dramaturge et médiatrice culturelle, Acoyani Guzmán a déjà publié une dizaine de livres — pièces de théâtre, recueils de poèmes — et participe activement, depuis plusieurs années, aux slams de poésie en Espagne et au Mexique. Pleins d’images évocatrices, ses poèmes publiés dans Ambroisie / Ambrosía tournent autour des sujets tels que la nature et les animaux, les hommes et les femmes, leurs relations tout comme leurs rêves : le côté divin de la vie y est partout. De même, l’actualité — à savoir, la violence de genre dans le Mexique de nos jours — trouve sa place dans l’œuvre poétique de Guzmán ; par exemple, dans ces vers rythmés de « Disparaître » :
Où vont les femmes disparues ?
Sont-elles englouties par la terre ?
Sont-elles emportées par le ciel ?
Est-ce l’espace qui les aspire ?
Ou serait-ce qu’elles se gardent elles-mêmes dans la mer,
qu’elles se coupent en petits morceaux
et se plient pour tenir dans une caisse ?
Que savent-elles, que nous, les apparues, ne méritons d’entendre ?
Dans cet extrait, Acoyani Guzmán s’empare d’un sujet très sensible — la disparition de femmes — en rajoutant un regard poétique, presque naïf, ce qui remettrait en cause non seulement l’écriture lyrique en tant que genre littéraire, mais aussi les mots utilisés pour parler de violence. Par ailleurs, puisqu’il s’agit d’un volume bilingue, n’oublions pas de dire un mot sur les poèmes en version française. Traducteur reconnu de poésie hispano-américaine, le poète luxembourgeois Jean Portante offre des traductions conservant le rythme et les images spécifiques de Guzmán, même si parfois le registre du français semble un peu plus élevé que celui de l’original en espagnol.
Ambroisie / Ambrosía paraît chez Le chat polaire, maison d’édition fondée en 2019 dont le siège se trouve à Louvain-la-Neuve, en Belgique. Sous la direction de Marie Tafforeau, les éditions Le chat polaire ont récemment lancé une nouvelle collection de poésie bilingue, dans laquelle se trouve Ambroisie / Ambrosía d’Acoyani Guzmán et Je feins de feindre / Finjo que fijo de Lucas Caraba. En effet, il s’agit des premiers titres de cette collection visant à rapprocher d’un public francophone européen l’écriture poétique en langue étrangère, particulièrement de l’espagnol d’Argentine, d’Espagne et du Mexique pour l’instant.
Enfin, Le chat polaire publie six recueils de poésie par an enrichis d’illustrations qui cherchent à faire dialoguer textes et images. Ainsi le recueil de Guzmán contient sept dessins en couleur réalisés par l’autrice qui nous laissent songer précisément à cette relation entre poésie et image.

Ambroisie / Ambrosía de Acoyani Guzmán
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean Portante
Le chat polaire, Louvain-la-Neuve, 2024, 71 p.