
Luis achève son voyage dans l’Altiplano. A l’occasion d’une nouvelle escale, Luis nous envoie une pensée depuis La Paz.
Il est étonnant de constater que la littérature bolivienne ait si peu de visibilité en France. Aujourd’hui encore. Parfois, selon les époques, quelques écrivains boliviens émergent dans la publication traduite en français. Mais, bien entendu, la Bolivie reste, en littérature, en retrait face aux pays tels que le Mexique, ses voisins que sont le Pérou, l’Argentine ou encore le Brésil. Un jour, nous réparerons cette injustice en mettant à l’honneur la Bolivie en en faisant le sujet de la prochaine revue, pour faire découvrir un peu plus sa littérature méconnue. De nouveau horizons à visiter.
« La Paz era una ciudad imposible, una ciudad que se había levantado contra las leyes de la gravedad, colgada de los cerros, una ciudad que se derrumbaba y se reconstruía a sí misma todos los días, un monstruo que devoraba y escupía a sus habitantes. »
Edmundo Paz Soldán
Rio fugitivo (1998, Libros del Asteroide)
« La Paz était une ville impossible, une ville qui s’était élevée contre les lois de la gravité, accrochée aux flancs de collines, une ville qui s’effondrait et se reconstruisait chaque jour, un monstre qui dévorait et recrachait ses habitants. »
Traduction Autre Amérique
Nouveaux horizons
Profitant de cette partie du voyage principalement réservée au repos, c’est l’occasion idéale pour mettre en lumière depuis La Paz quelques livres disponibles en français. Et quelques-uns qui ont comme Paz Soldán une certaine notoriété, d’autres moins mais qui mériteraient un regard nouveau tel à Hasbún. Peut-être. A vous de voir.
Etablir des listes est toujours injuste car il impose un choix. Aussi, sélectionnés pour cette article, quelques livres contemporains récents, et un autre d’Oscar Cerruto, datant de 1935, qui jette un pont entre les époques et conserve une certaine modernité, complète ce tout petit panorama.
Si vous avez en tête des titres de livre, auteurs ou autrices boliviens, publiés en français, et qui auraient été oubliés ici, n’hésitez à le mentionner dans un commentaire, une excellente occasion de partager et d’échanger.
Un parcours au hasard des rues
La Vierge du mal
Edmundo Paz Soldán
Traduit par Robert Amutio. Gallimard, 2020. 400p
La Casona n’est pas une simple prison sud-américaine. Véritable cour des miracles, elle est à la fois dortoir, bureau, centre commercial, dispensaire et église, et mêle, outre les détenus, des enfants abandonnés, des prostituées, des politiciens, des illuminés, des médecins et de riches barons de la pègre.


Séoul, Sao Paulo
Gabriel Mamani Magne
Traduit par Margot Nguyen Béraud. Métailié, 2025. 160p
Tayson est né et a grandi dans un quartier de São Paulo où les migrants boliviens et coréens se livrent une bataille féroce et hilarante pour fabriquer les meilleures contrefaçons de vêtements de marque du Brésil. Du jour au lendemain, il doit revenir dans le pays natal de ses parents, à El Alto, ville à plus de 4000 mètres d’altitude.
Les tourments
Rodrigo Hasbún
Traduit par Juliette Barbara. Buchet-Chastel, 2016. 114p
Bolivie, années 1950 : Hans Ertl, ancien cameraman de Leni Riefenstahl, a quitté l’Allemagne avec sa famille pour s’installer à La Paz. Là, dans cette Amérique latine sauvage et mystérieuse, le patriarche hors norme se réinvente un destin d’explorateur


Torrent de feu
Óscar Cerruto
Traduit par Nicole Priollaud. Patino, 1935. 280p
Sur la toile de fond de cet affrontement sauvage, l’imagination de Cerruto brosse une fresque saisissante de la société bolivienne des années trente, haute en couleur: criollos détenteurs exclusifs du pouvoir, métis intrigants et soumis à la fois, indiens dépossédés, exploités et asservis.
Un grand merci à Luis, fondateur et coordinateur de la revue, qui, toujours en quête de pépites, nous a fait parvenir ce texte depuis La Paz. Vous pouvez, comme lui, nous faire parvenir vos cartes postales d’ici ou d’ailleurs, nous les publierons avec plaisir.