
Pour souligner le travail de nos amis de la section Poésie dans la revue #11, Abel nous envoie une carte postale du 5e arrondissement (il n’aura pas été très loin), flânant dans les rues arpentées par le grand poète Arnaldo Calveyra qui s’est éteint voici 10 ans.
Un coin tranquille
Quartier vivant, petit village comme Paris en compte tant. Derrière le Panthéon, au pied de la montagne Sainte-Geneviève, la rue Mouffetard, commerçante, artisanale, au rythme lent. En bas de la longue rue, la petite église Saint-Médard, son parvis égayé par les odeurs des maraîchers, les tables des restaurants, les chaises branlantes, les clients bavards, les chiens paisibles patientant la fin du repas.
A deux pas de là, non loin de la librairie Les Traversées, au croisement des rues Pascal et Claude Bernard, un ancien appartement de peintre, haut perché et lumineux, donne sur la grise marée sans fin des toits en zinc. Un appartement duquel il est possible de contempler les Jours où la lumière, pour se délasser un instant de ses travaux, descendait des nuages nomades… (in L’origine de la Lumière, 1992, Edition Actes Sud, 160p – Trad. Françoise Campo-Timal)



Dans Paris par écrit. Vingt écrivains parlent de leur arrondissement, Arnaldo Calveyra, parmi d’autres écrivains, était invité à écrire un court texte sur l’arrondissement dans lequel il a résidé si longtemps : ce sera le 5e. Et voici un extrait de ce joli petit texte :
Tout près, d’autres villes s’élèvent sur les ruines de villes éteintes, villes de Paris, chacune avec ses traits propres, villes de naguère et villes de maintenant, intimement mêlées, même urgence, même réalité et irréalité (il y a des endroits où personne ne passe jamais). Comme partout où les hommes se sont établis en nombre, les rues avancent et reculent, à ceci près qu’ici elles avancent et reculent en dépit du bon sens, apparemment sans itinéraire précis : elles perpétuent la mémoire, le souvenir, les allées et venues des premiers habitants qui auraient conjugué le secret de la vie et celui de la rose des vents.
Arnaldo Calveyra
Trad. Anne Picard pour le texte Parmi les villes de Paris…
Edition de l’inventaire, 2002, 129p
Un texte qui nous donne envie de rejoindre dans les nuages nomades et revisiter l’œuvre immense de Calveyra.
Le coin des poètes
Pour entendre une autre voix puissante et argentine, lisez l’article dédié à Silvia Baron-Supervielle, rédigé par Mario Daniel Villagra pour notre numéro #11 de la revue. Son article est disponible ici
Un grand merci à Abel, contributeur régulier de la revue. Vous pouvez, comme lui, nous faire parvenir vos cartes postales d’ici ou d’ailleurs, nous les publierons avec plaisir.